Pseudo : L’américain
Pays: France
Ville: Paris
Commissariat: Chatelet
Mercredi 15 février 2012… une sacrée soirée si on peut dire. J’étais place du châtelet, adossé contre les colonnes, je roulais un joint de hashish. Dos à moi, une brigade de huit policiers passent sous les arcades et me dépassent. Quand je réalise que huit policiers me tournent maintenant le dos, je suis légèrement sous le choc, je n’ose pas trop bouger, le tabac et le hashish dans ma main. Un des policiers jette un coup d’œil en arrière, et remarque mon regard certainement figé, gêné, apeuré. Ils font tous demi tour et me tombent dessus. « Vous avez quoi dans la main ? Une cigarette roulée vraiment ? » il observe dans ma main, on voit des grosses boulettes, pas de doute. Ils me demandent si j’ai des substances sur moi, et je sors une barrette de hashish. Je leur donne, et bien entendu ils m’emmènent au commissariat juste derrière la fontaine, à même pas cinquante mètres de là où j’étais. Sur le chemin, un des policiers me fait la moral, sur le hashish. Je lui explique niaisement, que ma vie n’est pas drôle, que je suis accroc, et que j’en ai besoin, mais que j’ai plus d’argent. Ils me font écraser mon hashish, mais discrètement avant cela, le policier a cassé un morceau de la taille d’un ongle, et me le remet dans la main sans que les autres ne remarquent. Ils me déposent ensuite au commissariat, et m’abandonnent aux autres policiers sur place.
Ils m’enferment dans ces petites cellules de garde à vue, avec un autre type qui à l’air assez louche. Je demande quand est-ce que je pourrais sortir, ils me répondent que ça prendra le temps qui faudra, pour vérifier, remplir je ne sais plus trop quoi. J’attends donc sagement dans ma cellule, je ne suis pas vraiment habitué à cela, j’ai habité Neuilly sur Seine toute ma vie, les coins mal fréquentés je les pensais en banlieue pas au commissariat. J’entends un type gueuler et se moquer des policiers. Ils l’emmènent à deux, dans la cellule mitoyenne à la mienne – je compris plus tard qu’il s’agissait de la cellule de dégrisement – le type se moque des policiers franchement, et ceux qui l’ont fait entrer lui répondent à chaque fois. Il s’agit de deux policiers, un homme et une femme, et alors qu’ils s’apprêtaient à partir, l’homme dans la cellule de dégrisement lança une vanne au policier, la policière dit à son collègue : « Tu vas te laisser casser comme ça ? » Et là, le policier renchérit sur une autre vanne à l’homme en cellule. J’étais très étonné de voir que les policiers se comportaient comme des adolescents de quartier.
Mais le plus étonnant, c’est qu’attendant dans ma cellule sagement, je me familiarisais alors avec le système de rotation. Il était plus de 23h du soir, et le roulement de nuit arrivait. Les policiers à qui j’avais demandé quand est-ce que je sortirais, rentraient chez eux, et sans dire un mot aux autres me laissaient poiroter là. Les policiers de nuit arrivèrent, ceux d’avant partirent, et à ce moment, le type en cellule de dégrisement, se mit à hurler, à faire de bruit, à insulter, à casser la tête à tout le commissariat puisque les cellules de garde à vue sont juste en face, et que le rez-de-chaussée du commissariat de châtelet n’est pas très grand. Les policiers qui venaient d’arriver, vinrent le voir, lui dire de se taire, alors que le type continuait de plus bel. Cela faisait maintenant bientôt deux heures et demi que j’étais là, et après le roulement, il n’a fallu au type en cellule de dégrisement que de trente minutes pour réussir à ce que les policiers agacés par ses cris incessants, ne le fassent sortir et le remettent en liberté.
Quant à moi, bien sage, qui ne disait rien, disait oui à tout, j’ai dû attendre deux heures de plus, et je ne sortais de là qu’à une heure du matin. Comme quoi, au commissariat c’est comme à la foire d’Empoigne, faut gueuler un bon coup pour avoir ce qu’on veut.
En sortant, je rejoignis le boulevard Sébastopol, où je pus rouler le joint que le policier m’avait rendu discrètement.