La prison pour la justice

Pseudo : Tolardinternational

Pays: Egypte

Ville: Tor

En 2005 je suis parti en Egypte et trois potes dont un égyptien d’origine (il parle égyptien).

On a loué une caisse à une agence locale. Dans le désert du Sinaï on a eu un accident (la caisse était foutue, on a fait des tonneaux).
Des policiers arrivent et nous disent d’aller au commissariat d’à coté (Dahab) pour des formalités.
On arrive là bas et c’était étrange. Une énorme pièce, super haute sous plafond avec pratiquement rien dedans. Au fond il y avait juste un bureau avec deux types derrière et au milieu une zone de 1m sur 1m avec des barreaux. Un type y était enfermé. Il était assis en tailleur, agrippé à la porte avec un chat qui avait l’air malade et une gamelle.
Les policiers nous ont fait pendant plusieurs heures. Ils ont rédigé un document à la main qui faisait des pages et des pages.
Une fois terminé ils expliquent qu’on doit aller à un autre commissariat (à 250 bornes) pour avoir une signature du préfet (d’après la traduction de mon pote). Comme ils comptent y aller ils nous disent de les attendre. On poirote 3h et on décide d’y aller par nos propres moyens.
Ils nous expliquent qu’un policier de chez eux doit être avec nous et tenez vous bien ils nous mettent un policier à disposition.
J’y vais seulement avec mon pote égyptien (ça sert à rien d’être 4 dans un plan galère surtout si ça tourne mal). On se dirige vers une station de taxi collectif. L’agent avec nous parle bras dessus bras dessous avec le chauffeur et d’un coup on a droit à un tarif supérieur de plus de 10 fois à la normal. On comprend l’arnaque. On court vers une agence de location de voiture pour devancer les policier et demander un tarif de loc pour une journée. Le loueur nous dit son tarif mais le policier arrive et d’un coup le tarif augmente à nouveau.
Là mon ami égyptien pète un cable et commence à insulter l’agent et lui sort une insulte apparemment répandue là bas « Ta mère elle a 4 chattes et dans chacune il y a un chien ». Bien sur là j’ai eu super peur. Mon pote criait sur le policier et je lui disais « mais arrête t’es fou ». Il m’a expliqué qu’on risquait rien. Le policier repart furieux au commissariat et explique qu’on va avoir des problèmes. Mon ami me dit de rester tranquille, que c’est du bluff, que si ses chefs au commissariat apprennent qu’il a fait de la corruption et qu’ils les en a pas fait profiter c’est lui qui aura des problèmes.
Et il avait raison. Le policier revient. Il arrêtait pas de s’excuser, la scène était hallucinante.
On loue la voiture (une bouse, la seconde marchait pas, je passais direct de la première à la troisième). Le policier nous tend une liasse de 10 billets et nous dit de compter parce qu’il avait pas tenté de prendre des commissions mais qu’il avait demandé de la monnaie. Rien que pour l’étrangeté du moment je prends les billets et je compte.
Et là sur tout le trajet (250km de nuit) il répondait au doigt et à l’œil. On passait tous les checkpoints en deux secondes. On débarquait avec notre policiers tous fiers dans les magasins sur le trajet.
On arrive au commissariat en plein nuit. Une ville paumée au milieu du pays sans touriste à moins de 200km. On nous fait descendre au sous sol.
C’était complètement noir, il y avait pas de lumière. Il y avait des gens derrière les barreaux qui gémissaient et ça sentait l’urine. Au bout d’un moment on tombe sur un mec derrière un bureau en plein dans la pénombre qui sortait de nul part. On nous fait patienter et on nous demande de nous asseoir. J’étais dans un tel état de nervosité que j’ai refusé, prêt à m’échapper.
On vient rapidement nous chercher pour monter au premier. On nous explique qu’on va voir le big boss et qu’il faut éteindre nos portables. Non seulement mon portable était éteint mais en plus je l’avais planqué dans mon caleçon.
Ils nous séparent. Je suis dans un recoin et un type avec une mitraillette m’empêche de regarder où ils emmènent mon pote. J’essaie de pencher la tête et le type me repousse avec le canon de sa mitraillette. Plusieurs policiers braillent dans tous les sens. Plus tard mon pote revient, tout blanc. Il me donne tout ce qu’il a sur lui (montre, gourmette etc) et me dit qu’il le mette en prison.
Là je me dis heureusement que j’avais enregistré le numéro du consulat français. Mon nouveau copain policier me dit de ne pas m’inquiéter.
Et un peu plus tard mon pote revient. Il me dit qu’on est libre. Qu’ils cherchaient à savoir si il était responsable pour la caisse cassée suivant sa réaction en apprenant qu’il était mis en prison. Apparemment sa réaction voulait dire pas coupable (qu’est ce que c’est que cette justice).
On est sorti, et avec notre ami policier on est allé se fumer une shisha. Quel soulagement. On lui a même filé un peu de sous.
Sur le retour, on a eu un peu peur, ils conduisent bizarrement là bas. Les gens qui venaient en sens inverse roulaient sur notre voie et changeaient de voie au dernier moment (un jeu ?). Ils roulent tous pleins phares, ils en ont rien à faire. Il y en a même qui bidouille pour allumer par intermittence le phare gauche puis droit. Les bandes réfléchissantes sur le coté s’étaient décollées et étaient dans le fossé. Ne vous y fiez pas. Au final retour au bercail sains et saufs :)

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Tags : 13 à 24h, Garde à Vue, Routier.

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